[Télépathe : Madame de Sévigné]

À Madame la Marquise,

À Thiercelieux, ce village singulier où la nuit règne en maîtresse, nos correspondances nocturnes sont devenues une occupation aussi mystérieuse qu'enivrante. Chaque crépuscule, l’ombre de la peur s’étend sur nos foyers, et c'est dans le silence de l’obscurité que se trament les intrigues les plus insidieuses. Les villageois, tantôt pleins de zèle, tantôt victimes de leurs propres soupçons, s’adonnent à une étrange danse où chacun prétend lire en les gens comme dans un livre ouvert. Mais hélas, comme souvent, l'apparence est trompeuse, et bien peu peuvent se targuer d'être de véritables télépathes.

Je me vois, chère amie, presque malgré moi, plongée au cœur de ces échanges, où la lumière vacillante d'une chandelle éclaire à peine les secrets qu'on voudrait pourtant dévoiler. La tâche de débusquer les loups est ardue, car ces créatures perfides se dissimulent sous les traits les plus ordinaires. Ils se mêlent à nos conversations avec tant de naturel qu'on en viendrait à douter de son propre jugement. Aussi, la prudence s’impose, car un mot mal placé peut signifier notre perte.

Il faut faire des choix, parfois cruels, pour protéger notre communauté. Les correspondances nocturnes s’enflamment d'une intensité qui dément la tranquillité apparente du village. Dans ces moments, la suspicion, tel un poison, s'insinue dans nos cœurs, et c'est souvent le plus innocent qui paie le prix fort.

Cependant, c'est dans cette obscurité et ce jeu de dupes que je trouve un étrange réconfort. Car n’est-ce pas là, dans l’incertitude de la nuit, que se révèlent les véritables caractères ? Les masques tombent, et si l'on sait observer avec discernement, peut-être pourrons-nous un jour distinguer l’ami du traître.

Je vous confie, chère amie, ces pensées qui, sous d’autres cieux, passeraient pour folles. Mais ici, à Thiercelieux, elles sont notre quotidien.

Que la lumière de votre esprit vous guide dans vos propres ténèbres, comme je tente de le faire dans les miennes.

Votre dévouée,
La Comtesse de Grignan.

PS : Enjoy and Have Fun !

Chère Madame de Sévigné j'attends vos correspondances nocturnes avec impatience ! Et n'oubliez pas, je vous aime d'Amour (avec un grand A) !

Ma chère et précieuse Amie (avec un grand A),

Chaque jour qui passe renforce cette tendresse que je ressens, et pourtant, en même temps, l'angoisse s'invite, cette peur sourde de vous perdre, qui m'envahit.

Si vous concevez l'âme humaine similaire à un violon, vous êtes pour moi le premier violon, celui dont la note claire et pure guide l’ensemble. Sans vous, c’est toute l’harmonie qui se brise, et je crains que, privée de votre présence, mon âme ne se réduise au silence.

Je vous en conjure donc, prenez soin de vous comme on prend soin d’un instrument précieux. Ne vous exposez pas aux dangers de ce monde, qui, à Thiercelieux, peuvent parfois se montrer plus perfides qu'ailleurs. Je vous en supplie, faites en sorte que la prudence soit le chef d’orchestre, qui vous préserve des fausses notes et vous maintienne en sûreté.

Je n’ose imaginer un jour où je ne pourrais plus entendre cette douce musique que vous êtes pour moi. Soyez sage, ma chère amie, pour que nous puissions encore longtemps jouer ensemble cette symphonie que la vie nous offre.

Je vous embrasse avec toute l'affection et la tendresse dont mon cœur est capable,
Votre comtesse.

Ma chère amie,

Je prends ma plume avec empressement pour vous narrer l'étrange et fort divertissant épisode qui a marqué notre récente journée. Le jour des élections s’est transformé en une farce royale où les personnages historiques se livraient à une comédie aussi décapante que divertissante.

Permettez-moi de vous peindre le tableau : Marie-Antoinette, en sa royale magnificence, occupait le centre de la scène, sa voix incessante résonnant comme le tintement d'une cloche de cristal dans les salons de Versailles. Sa présence était à la fois éclatante et inoubliable, bien qu'elle ait, comme à son habitude, un peu étouffé le débat par ses remarques incessantes sur les décadences et les fastes de la cour.

En opposition directe, Karl Marx, toujours aussi résolu dans son rejet de la monarchie, a pris la parole avec une vigueur que seul un révolutionnaire enragé pourrait exhiber. Son discours, comme à ses habitudes, était empreint d'une passion aussi ardente que ses idéaux.

Quant au Dalai Lama des bas quartiers, sa sagesse, habituellement empreinte de sérénité, s'est révélée d'une manière plutôt douteuse. Ses conseils semblaient presque aussi fumeux que les volutes d'encens dans un bazar de Chinatown, laissant plus d'une question sans réponse et plusieurs esprits perplexes.

Sigmund Freud, de son côté, a adopté une attitude taciturne, ses réflexions profondes presque inaudibles derrière son calme glacial. Ce mystère à peine voilé a ajouté une couche de complexité à la journée, incitant chacun à se demander quelles étaient réellement ses pensées cachées derrière ses expressions impassibles.

Finalement, Charles de Gaulle, fraîchement élu maire, a prononcé un discours d'une grandeur martialement épique, son élocution résonnant comme un appel aux armes pour la grandeur de la République. Sa manière imposante de prendre les rênes a donné à l’événement un coup de grâce d'autorité militaire et de détermination, transformant cette élection en une déclaration résolue de leadership.

Ainsi se termina cette élection mémorable, avec des discussions passionnées et des débats enflammés qui résonneront longtemps dans les salons de notre société ludique. Que nous réserve l'avenir ? Seule une nouvelle journée pourra nous révéler si cette confrontation de géants sera suivie d'une ère de changements radicaux !

Je vous laisse en la douce anticipation de notre prochaine rencontre,

Votre Comtesse

Ma Marquise adorée,

Comment exprimer avec justesse le trouble ineffable qui me saisit en pensant à ce sort cruel qui semble planer sur vous dans ce funeste jour ? Il me semble, à chaque instant, que le temps même se suspend, hésitant entre le regret poignant de vous voir partir et l’espérance, si fragile, d’une rémission miraculeuse.

En ce moment, où l’ombre du bûcher se dessine à l’horizon de votre destinée, je ressens une tristesse abyssale. Comme une mer déchaînée, le désarroi m’engloutit, ne laissant derrière lui que les débris d’une sérénité perdue. Comment imaginer, que Ma Marquise éclatante de grâce et d’esprit, puisse être ainsi sacrifiée sur l’autel d’un soupçon injuste ?

Votre départ éventuel, est comparable à une étoile se détachant du ciel, laissant un vide béant dans la voûte céleste de mon cœur. Tout ce que vous incarnez, la beauté, l’élégance, et cette lumière que vous diffusez autour de vous, serait réduit en cendres dans un brasier impitoyable. Ah ! Que ce jeu cruel m'inflige des peines bien réelles sous le masque de la légèreté !

Je tremble à l’idée que, dans cette nuit où les murmures se confondent avec le vent, votre nom puisse être prononcé, non pas en hommage, mais en accusation. Et si cette flamme, allumée par une main ignorante ou malveillante, venait à vous consumer, ce ne serait pas seulement la fin d’une personnalité, ô combien noble, mais l’extinction d’un éclat qui illuminait mes jours.

Avec tout le désespoir d’un cœur qui refuse de croire à une telle issue, je demeure,

Votre dévouée, La comtesse.

Madame La Marquise,

Voilà de quoi nourrir nos Comte'in (quel joli jeu de mots, vous êtes si drôle et rafraichissante ma douce) !
Figurez-vous, Madame, que les villageois se livrent à un débat d’une confusion rare, tel un enchevêtrement de pensées malmenées.

Ils s'accusent et se suspectent avec une ferveur désordonnée, chacun cherchant à faire valoir son bon sens, hélas si rare en cette partie. Je vous avoue qu’il est presque comique de les voir s’emmêler ainsi, comme des marionnettes dont les fils seraient entrelacés par la main d’un maître farceur. Ils se font mener en bateau, ces pauvres âmes, incapables de discerner le vrai du faux, l’ami de l’ennemi.

Quelle tristesse de vous savoir partie de ce monde alors que vous aviez été si perspicace ! Vous aviez découvert toute la meute de loups, et que, malgré vos avertissements, les villageois ont choisi de ne point prêter l'oreille à votre sagesse. Vos mots empreints de vérité et de clairvoyance, auraient pu les sauver d'une terrible issue à venir, mais force est de constater que l’ignorance prévaut.

À  jamais,
Votre Comtesse.